Camille Guinier, TAG atelier d’architecture : "Un rendu super qualitatif en optimisant le budget"

Situées à la croisée des rues de Provence, de Gascogne et de Béarn, les trois résidences éponymes construites en 1975 forment un ensemble qui s’élève au cœur de Mons-en-Barœul dans le Nord. Un îlot de 134 logements promis à une seconde vie grâce à une réhabilitation d’envergure portée par le bailleur Logis Métropole. Depuis septembre 2022, les bâtiments bénéficient d’une réhabilitation thermique, technique et esthétique. En charge du plus grand ensemble, la résidence Gascogne (84 logements), Camille Guinier, architecte au sein de TAG atelier d’architecture, a conçu un projet subtil au croisement des enjeux énergétiques, urbains et sociaux. 3 030 m² de panneaux d’ITE Myral ont été posés en mix avec une vêture brique pour composer une façade bi-matière raffinée, vivante et durable. Elle revient sur ce projet d’envergure.

Pouvez-vous nous présenter TAG atelier d’architecture ?

Camille Guinier : TAG vient de fêter ses dix ans. C’est une agence lilloise en pleine évolution, qui rassemble aujourd’hui une équipe d’une quinzaine de personnes. Ce qui fait notre force, c’est la diversité de nos projets : nous travaillons aussi bien sur de la réhabilitation que sur des logements neufs, de la commande publique, des équipements… Et cette diversité nourrit notre approche.

Notre philosophie est claire : chaque projet est une nouvelle histoire. On repart toujours d’une feuille blanche, en s’ancrant dans le contexte, les usages, les habitants. C’est ce regard neuf, presque innocent à chaque fois, qui nous permet de proposer des réponses sur-mesure, pertinentes et, je l’espère, sensibles.

Camille Guinier - TAG atelier d’architecture

Comment avez-vous été sollicités pour la réhabilitation de la résidence Gascogne à Mons-en-Barœul ?

Camille Guinier : Il s’agit d’un appel d’offres remporté en groupement avec le bureau d’études Nortec, mandataire, et l’agence NVW Architectes avec qui nous collaborons régulièrement. TAG a pris en charge la réhabilitation du bâtiment Gascogne, le plus important avec ses 84 logements.

Dès la phase de diagnostic, Logis Métropole nous a donné carte blanche pour aller au-delà d’une simple réponse technique. Bien sûr, il y avait des attentes fortes sur la performance énergétique, l’entretien, les menuiseries, mais on a aussi mené un vrai travail d’analyse urbaine et d’usage. Et ça a fait émerger des enjeux plus larges : les mobilités, l’absence criante d’espaces extérieurs, la qualité des rez-de-chaussée… C’était une réhabilitation, mais on a voulu l’aborder avec les exigences d’un projet neuf.

« Retrouver une certaine clarté, une élégance dans la lecture des façades »

Quels étaient les grands enjeux de cette opération ?

Camille Guinier : Ils étaient multiples et interconnectés. Bien sûr, il y avait des attentes techniques fortes : remettre à niveau un bâti des années 70, traiter les pathologies, remplacer les menuiseries, rénover les équipements vétustes… Mais notre rôle allait bien au-delà.

Le projet s’inscrit dans un secteur de renouvellement urbain de la MEL (Métropole Européenne de Lille), à Mons-en-Barœul. Il y avait une attente forte de transformation de l’image du quartier, et donc du bâtiment. Dès le diagnostic, on a identifié des enjeux majeurs : le manque criant d’espaces extérieurs – seuls quatre logements sur 134 en disposaient – l’absence de traitement des mobilités, des rez-de-chaussée peu valorisés, et une architecture qui écrasait visuellement le bâtiment.

Et bien sûr, il y avait un objectif de performance énergétique ambitieux, fixé par le bailleur. Il fallait réduire de 30 % les charges de chauffage. On y a répondu par un bouquet cohérent de solutions : isolation performante en façade, remplacement complet des menuiseries avec volets roulants, mise en place d’une nouvelle VMC, changement des radiateurs, et valorisation du raccordement déjà existant au réseau de chaleur urbain.

C’était un projet de réhabilitation, mais on l’a abordé avec le niveau d’exigence d’un projet neuf, avec une vision globale et une vraie ambition qualitative.

Résidence Gascogne à Mons-en-Barœul

Comment avez-vous abordé la transformation architecturale des façades ?

Camille Guinier : Le bâtiment Gascogne est haut, R+7 soit plus de 22m de haut. Il avait été une première fois rénové dans les années 90, avec un traitement en bardage très ornemental, typique de l’époque, mais qui écrasait visuellement l’ensemble.

On a voulu retrouver une certaine clarté, une élégance dans la lecture des façades. L’idée a été de travailler par strates, en regroupant les niveaux deux par deux, pour casser la verticalité et apporter du rythme. On a dessiné une trame régulière, avec un jeu de modénatures qui s’inspire de la mosaïque d’origine, tout en réinterprétant le vocabulaire.

Ce dessin s’est tout de suite prêté à une lecture bi-matière : une vêture brique en plaquette béton d’un beige lumineux, et un matériau métallique, en l’occurrence le panneau Myral finition aluminium naturel, qui capte les lumières du site. Ce métal vit avec la lumière du ciel : il devient doré au soleil, bleu sous un ciel clair, rosé au crépuscule. C’est une matière vivante qui fait vibrer la façade.

« Myral a su répondre parfaitement à ce besoin d’une solution à la fois esthétique, fine, performante et économiquement soutenable »

Justement, pourquoi avoir choisi la solution Myral pour ce projet ?

Camille Guinier : Initialement, le projet prévoyait un bardage ventilé. Mais lors des appels d’offres, on a rapidement vu que cette solution était hors budget. Il fallait trouver une alternative techniquement fiable, économiquement plus soutenable, sans renoncer à nos ambitions esthétiques et thermiques. C’est à ce moment-là que le hasard – et une rencontre décisive – a bien fait les choses… Valérie Lesage, chargée d’affaires Myral dans le Nord, est venue nous présenter les solutions de l’entreprise.

Leur système de vêture sans lame d’air a représenté un vrai tournant dans le projet. On est passés d’un complexe de façade de plus de 25 centimètres à un complexe de 16 centimètres, pour une performance thermique équivalente, voire meilleure. Ce gain d’épaisseur a été précieux pour la lumière naturelle dans les logements, mais aussi pour le respect des alignements et la gestion des modénatures. Myral a su répondre parfaitement à ce besoin d’une solution à la fois esthétique, fine, performante et économiquement soutenable.

Par ailleurs, le système s’intégrait parfaitement dans notre écriture bi-matière, avec une finition aluminium naturel qui réagit à la lumière et fait véritablement vivre la façade. C’était cohérent avec notre intention architecturale.

Comment s’est déroulée la collaboration avec Myral ?

Camille Guinier : Honnêtement, c’est une collaboration comme on aimerait en voir plus souvent. Valérie Lesage a été à l’écoute, réactive, très présente dans le suivi du projet. Dès les premières discussions, elle a compris nos contraintes, nos ambitions esthétiques, et a su proposer une solution sur-mesure.

L’un des points clés, c’est la logistique : tous les panneaux Myral ont été livrés dans les temps, bien conditionnés, prêts à être posés. Et dans un contexte de chantier en site occupé, où la moindre interruption ou décalage peut avoir de lourdes conséquences, c’est précieux.

Nous n’avons pas eu à solliciter de SAV ou de rattrapage en urgence, ce qui est déjà un signe de solidité du partenariat. Si des questions techniques surgissaient, Valérie répondait immédiatement, en lien avec les équipes internes Myral si besoin. C’est un accompagnement fluide, pro, humain. Et ça a compté dans la réussite du chantier.

« Aujourd’hui, les retours sont très positifs : du bailleur, des entreprises, des habitants »

Quels ont été les enjeux spécifiques liés au chantier en site occupé ?

Camille Guinier : C’est une dimension évidemment très sensible. La clé, c’est le pilotage social. Ici, une personne dédiée était sur site à temps plein pour organiser les interventions, limiter les intrusions dans les logements, optimiser les plannings. C’est fondamental pour que le chantier reste supportable.

Et puis il ne faut pas sous-estimer la gêne extérieure : le perçage des façades pour poser les panneaux, c’est bruyant, ça résonne. Les habitants sont en première ligne. D’où l’importance aussi d’une communication transparente, d’un lien fort avec le bailleur.

Dans ce contexte, la solution Myral a aussi facilité les choses. Grâce à la préfabrication et à la légèreté des panneaux, la pose est rapide, plus silencieuse que d’autres procédés, et bien adaptée à la gestion fine d’un chantier en milieu occupé. Le calepinage vertical que nous avions conçu a permis d’installer des panneaux de grande hauteur, limitant ainsi les interventions sur site. Cette rapidité d’exécution a clairement permis de réduire la gêne pour les habitants.

Au final, alors que le chantier sera complétement terminé dans quelques semaines, quel bilan tirez-vous de cette opération ?

Camille Guinier : C’est certain que c’était un projet exigeant, complexe, mais aussi très satisfaisant. On a réussi à redonner de la dignité à ces logements, à créer du confort, de la lumière, une architecture durable … et tout ça dans une enveloppe maîtrisée. Le pari de la bi-matière, avec le métal Myral et la brique béton, a fonctionné.

Aujourd’hui, les retours sont très positifs : du bailleur, des entreprises, des habitants. Et pour nous, c’est une belle vitrine de ce qu’on peut faire en réhabilitation.

On a hâte d’avoir les photos finales une fois les abords complètement terminés. En attendant, on est déjà très fiers du rendu !

Photos : TAG atelier d'architecture